Le bon, la brute, et le coupable 

Les conférences et débats de la « bien pensance » que nous pourrions estampiller « new age », ressemblent trop souvent à des thérapies de groupe où l’exposition systématique de la souffrance endurée par le ou les orateurs et invités, est pratiquée dans un souci de validation d’une certaine crédibilité identificatrice du véritable représentant d’une ethnie ravagée par la civilisation. Cette pratique devenue presque traditionnelle, est encouragée par l’image générée par les yeux du « blanc coupable », qui trouve dans l’écoute de l’énumération des exactions de ses ancêtres, une sorte de rédemption, qui n’étant jamais complétée, car basée sur des éléments stéréotypés et imposés par « l’autoritariat » des élus de la gentillesse, nécessite toujours une répétition régulière  qui se transforme en addiction à cette morphine intellectuelle génératrice de bons sentiments artificiels et ponctuels. 
C’est ainsi que nous nous retrouvons d’un côté avec des individus tourmentés, traumatisés et en manque de confiance, dans un « point mort » existentiel par ce que historiquement dénigrés, et d’un autre côté, des spécimens auto-flagellateurs arborant systématiquement ce que nous pourrions traditionnellement imager par la couronne d’épine et la croix du Christ, en guise de symbole pour les méfaits de leurs ancêtres. Force est donc de constater, que cet héritage comportemental, fruit d’un formatage à la transcendance dans la souffrance, et dont tous les peuples mentalement colonisés par l’un des trois soit disant vrais Dieu ont été les bénéficiaires, est non seulement omniprésent chez l’occidentalo-primaire, mais aussi au sein de certains groupes d’individus dit « indigènes »,  affirmant cet héritage susnommé comme base de leur malheur. 
A-t-on déjà vu une construction positive s’échafauder dans la complainte ?  
Mais,n’avez-vous jamais remarqué que ce genre de mélodrame redondant, n’est jamais à l’ordre du jour chez la minorité opulente quels que soit l’ethnicité des personnes en faisant parti ? Ne vous est-il jamais venu à l’esprit, que ce jeu du mélange de larmes est un exercice exclusif dans une certaine classe moyenne qu’il faut à tout prix endormir pendant que les années s’écoulent ? 
Ne pensez-vous pas que l’amitié  plébiscités ou l’ « aimez-vous les uns les autres » entre d’un côté, l’indigène n’étant autorisé qu’à se réaliser dans l’identité socialement stationnaire de la victime, et d’un autre côté, celui qui de par son statut pourrait faire bouger les choses, mais qui confiné dans la position du coupable repentant, ne s’autorise que compassion et auto-mépris en guise d’arguments progressistes, ne soit en fait qu’une grande arnaque subventionnée dans le but que les années passent, et surtout qu’elles se ressemblent ?... 
Ne serait-il pas temps, ou plutôt urgent, que l’histoire soit définitivement reconnue, validée et assumée pour ce qu’elle fût,  non pas par les instances officielles pour qui ce grand manège est un simple fonds de commerce dans le « management de la perception », mais entre Nous et Nous ? C’est-à-dire la population d’en bas, dont le quotidien n’est pas formé de belles phrases et de proverbes exotiques, mais plutôt de rapports directs de la personne à la personne, du problème à la solution, d’une urgence à une autre urgence. Ne devrions-nous pas aussi, une fois cette histoire assumée entre représentants des 99% de la véritable population, accepter aussi le fait qu’aujourd’hui en 2020, quel que soit la couleur de la peau ou l’appartenance ethnique, l’individu venu d’en bas n’a aucune autre alternative que celle d’être le dindon de la farce en ce qui concerne les décisions qui définissent son avenir ? 
Donc, dans un souci de cohérence, ne devrions-nous pas alors,  nous souvenir une bonne fois pour toutes que dans notre histoire moderne, les moindres droits, les moindre acquis sociaux, et les moindres améliorations de la vie quotidienne, n’ont jamais été, quémandés, suppliés ou discutés, mais arrachés, clamés ou disputés ? Alors, si nous voulions rester logiques, ce qui pour certains représenterait déjà une révolution mentale, ne pourrions-nous pas envisager dès lors, que tous les authentiques contestataires, militants et penseurs de tradition occidentale, ainsi que tous les indigènes ou autochtones  traditionnellement actifs sur le chemin vers un « meilleurs » , puissent entamer un véritable dialogue générateur et constructif, loin de ces zones de communions amoureuses, ou cette masturbation mentale stimulée par le romantico-passéeisme des images évoquées, n’apporte que le soulagement ponctuel d’une soirée organisée sous le signe de la justice et du progrès subventionné ?... 
Maintenant que les choses soient claires. Une fois l’histoire admise, une fois l’histoire assumée avec tout ce que cela implique, une fois le véritable sens des mots reconquis, et une fois les responsabilités nommées et reconnues, l’heure ne sera plus aux règlements de comptes entre enfants parents et aïeux. Si aucune race ni ethnie n’a le monopole de la bonté, aucune race ni ethnie ne doit se courber devant l’autre. Si aucune race ni ethnie n’a le « Caesar » de la victime, alors aucune d’entre elles n’a le monopole des larmes. Et toujours garder à l’esprit que si il y a une loi physique qui s’applique en sociologie, c’est bien celle de la symétrie en ce qui concerne la connerie. 
Alors quelle que soit notre couleur et notre ascendance, c’est en assumant notre passé et en se regardant dans les yeux, qu’il faudra alors choisir entre le mouvement par la pensée et l’action, ou le consentement par la croyance et l’espoir. 
  

Jean Michel Wizennea